Six mois après le NON dans les urnes à l’élargissement des autoroutes, les associations de mobilité d’avenir actif-trafiC, l’ATE et PRO VELO dévoilent une feuille de route présentant leur vision des mesures à prendre pour répondre aux défis posés par la mobilité : des solutions fortes pour répondre aux besoins et sortir la population de la dépendance à la voiture.
Il y a six mois, le 24 novembre dernier, la population suisse refusait l’extension des autoroutes, un NON particulièrement fort dans les Cantons romands avec notamment 57% de NON à Genève et 58,6% de NON dans le Canton de Vaud, mais aussi et dans plusieurs communes concernées par d’autres projets autoroutiers à plus ou moins long terme, comme Chavannes-près-Renens (68%) ou Confignon (60%).
Alors que le Conseiller fédéral Albert Rösti a annoncé un processus d’évaluation visant à prioriser les projets autoroutiers et ferroviaires, et qu’il n’exclut pas de faire revenir par la fenêtre certains des projets autoroutiers refusés par le peuple, les associations de mobilité actif-trafiC, ATE et PRO VELO, actives au sein de la Coalition “NON aux projets autoroutiers extrêmes” ont présenté ce matin lors d’une conférence de presse, une feuille de route à l’attention des décideurs et citoyen·nes, pour tracer les solutions à mettre en oeuvre à la place de l’élargissement autoroutier, en particulier dans le secteur Nyon-Genève.
“En refusant l’extension des autoroutes, la population a envoyé un signal fort à nos politiques. Avec cette feuille de route, nous montrons le chemin aux autorités pour aller de l’avant avec des politiques ambitieuses de mobilité durable et sociale.” - Angela Zimmermann, chargée de campagne chez actif-trafiC
Séparé en plusieurs chapitres, cette feuille de route aborde les thèmes et formule les recommandations que l’on peut résumer comme suit:
1. Amélioration du réseau et de la fréquence des transports publics
Il existe des projets visant à augmenter la capacité des transports publics, leur desserte et leur qualité, mais à un horizon beaucoup trop lointain, il faut accélérer leur réalisation. D’autres réalisations sont nécessaires pour que les transports publics déploient leur plein potentiel d’alternative au trafic individuel motorisé, en s’adaptant aux besoins actuels comme futurs.
“À l’instar de la nouvelle voie ferroviaire Genève - Lausanne, accélérer la réalisation de nouvelles infrastructures de transports publics est essentiel à la réussite du transfert modal de la route vers le rail et répondre à la demande de mobilité dans notre région. Une amélioration de la desserte et des fréquences, notamment en heures creuses et dans les zones plus reculées doit permettre d'accroître l’attractivité du réseau.” explique Caroline Marti, Présidente de l’ATE Genève.
2. Réduction des tarifs des transports publics
Afin d’assurer un report modal vers les transports publics et de les rendre plus attractifs, la baisse des prix est une étape essentielle. Les expériences dans différentes communes et cantons doivent être étendues.
“Les tarifs des transports publics atteignent désormais des sommets. Il est temps que les autorités agissent: rendre les transports collectifs abordables, attractifs et fiables doit devenir une priorité politique et cela nécessite des investissements massifs, tant au niveau fédéral que cantonal. L’initiative du Canton de Genève, avec la gratuité pour les jeunes et 50% pour les seniors, montre la voie à suivre." - Angela Zimmermann, chargée de campagne chez actif-trafiC
3. Des infrastructures cyclables sûres pour encourager la pratique du vélo
Le potentiel de report modal de la voiture au vélo est élevé: 42% des trajets en voiture font moins de 5 km. La loi nationale sur les voies cyclables (LVC) en vigueur depuis 2023 oblige les cantons à planifier et construire des réseaux cyclables continus et sécurisés d'ici 2042, mais les retards sont importants: un coup d’accélérateur est nécessaire.
“Aujourd’hui le vélo représente 1% des dépenses de transports de la confédération. Le temps que Berne délie sa bourse pour la petite reine est arrivé." explique Olivier Gurtner, président de PRO VELO Genève.
4. Un aménagement du territoire compact
Angle souvent négligé des politiques de transports, l’aménagement du territoire conditionne pourtant fortement la mobilité: densité, mixité, proximité des transports publics, les pouvoirs publics doivent agir plus proactivement pour assurer l’avènement d’un véritable “territoire des courtes distances”.
5. Des mesures d’accompagnement cohérentes
Limitation de vitesse dans les localités comme sur l'autoroute, auto-partage et covoiturage, parkings relais ou encore modifications des horaires, constituent tout un ensemble de mesures permettant de limiter l’usage des transports individuels motorisés et d’ainsi favoriser la pratique de modes plus durables et collectifs. Les pouvoirs publics doivent agir avec davantage de détermination et ne pas avoir peur d’expérimenter!
“Les baisses de vitesse, la requalification de certaines autoroutes, la priorisation des mobilités durables en ville ou encourager les automobilistes à passer de la voiture aux transports publics le plus vite possible sur leur trajet permet d'offrir des alternatives fiables, peu coûteuses et efficientes” explique Romain Pilloud, Secrétaire général de l’ATE Vaud.
Les organisations présentes ce jour s’engagent à transmettre cette feuille de route aux autorités fédérales, cantonales et communes, et s’engageront durablement ces prochaines années pour défendre et répondre à ces différents objectifs, à travers des actions, des dépôts dans les parlements et des collaborations avec les autorités. Il semble plus urgent que jamais de stopper toute fuite en avant en matière de mobilité routière.
